C’est un projet quasiment digne d’un film de science-fiction, et pourtant, il s’agit bien du futur de l’architecture. Le projet « Oceanix », soutenu par l’ONU, envisage de créer des villes flottantes, entièrement modulables et autonomes. Objectif : trouver une solution pour les très nombreux déplacés climatiques attendus au cours du siècle, en raison de la montée des eaux. Zoom sur cette initiative architecturale, qui pense l’habitation de l’avenir, en prenant en compte les répercussions catastrophiques de la crise environnementale.
C’est un projet qui pourrait voir le jour dès 2040. Le futur donc, mais pas tant que ça.
L’architecte danois Bjarke Ingels, travaillant pour la startup Oceanix propose déjà des infographies 3D, pour présenter ce qui lui semble être la solution idéale pour venir en aide aux futurs réfugiés climatiques.
L’idée : une ville flottante, très avant-gardiste, qui se placerait à un kilomètre environ des côtes, soit 10 minutes environ en ferry.
Un projet qui fait office d’arche de Noé moderne, pour servir de terre d’asile à 300 habitants environ.
Cette sorte de village imaginé par Bjarke Ingels ne risquerait pas de dériver, puisque la structure serait amarrée au fond de l’océan via d’immenses câbles, capables de résister à tout type de catastrophe naturelle, du tsunami à l’ouragan.
Plus de 20 000 mètres carrés, seraient donc répartis sur six plateformes en forme d’hexagone, disposés autour d’une grande serre.
Un dispositif très complet, qui présente de très nombreux avantages, à commencer par une empreinte carbone neutre. En effet, le réseau électrique est imaginé pour être alimenté par des panneaux solaires, et des mini-éoliennes installées sur les toits. À cela s’ajouterait, selon les projets de Bjarke Ingels, des bouées capables de convertir l’énergie des vagues en électricité, disposées tout autour de l’île.
Une autonome en énergie, accompagnée d’une autosuffisance alimentaire.
Les habitants de ce village ne devraient pas avoir à se rendre « à terre » pour réaliser leurs courses : un élevage de poissons (et crustacés, palourdes, huîtres ou moules) sera mis en place, ainsi que de grands potagers à l’air libre, pour cultiver fruits et légumes directement sur la structure flottante.
Un système de récupération de l’eau de pluie, permettra de rendre cette agriculture possible, tout comme un ensemble de machine voué à désaliniser l’eau de mer.
La conscience écologique sera même poussée au maximum, puisque la ville ne disposera pas de poubelles individuelles : à l’inverse, des bornes seront mises à disposition, et enverront le contenu à un terminal de collecte, via de larges tuyaux souterrains, fonctionnant par aspiration.
Un village flottant exemplaire, qui incarne toute l’utopie de son concepteur : « Si nous sommes capables de créer un système en boucle fermée pour les villes flottantes, elles deviendront des modèles pour les villes du monde entier », explique en effet Bjarke Ingels.
Ce projet Oceanix proposerait donc des habitations, mais également des jardins botaniques, des commerces et des restaurants, et bien entendu, des écoles, un commissariat, et un hôpital.
Le tout, imaginé dans des matériaux éco-responsables, et choisis pour leur durabilité, comme le bambou ou le bois.
De quoi proposer une terre d’asile sans pareil, pour des réfugiés climatiques à venir, qui inquiètent déjà l’ONU. Le projet a en effet su séduire l’organisation, à la recherche de solutions concrètes pour gérer les conséquences de la crise climatique.
Maimunah Mohd Sharif, directrice exécutive de l’ONU pour les établissements humains, devrait d’ailleurs annoncer prochainement le lieu exact de l’implantation du premier prototype.
Cette installation devrait en effet se faire dans les plus brefs délais, puisque la montée des eaux ne cesse de menacer de grandes agglomérations.
Selon les dernières prévisions du GIEC (groupe d’experts étudiant l’évolution du climat), le niveau des océans pourrait augmenter d’environ 1m10 partout autour du globe dans les 80 prochaines années, et peut-être même davantage si le réchauffement global du climat dépasse les 2 degrés Celsius. Une réalité qui menace directement des millions de personnes, résidant dans des zones côtières.
Pour rappel, la quasi-totalité de l’archipel des Maldives pourrait disparaître de la carte dans les trente prochaines années, tout comme la ville de Bangkok, qui semble dans une urgence encore plus inquiétante. Son enfoncement dans le sol, au rythme d’un à deux centimètres chaque année, pourrait entraîner une destruction de la ville par les eaux dans les dix prochaines années.