C’est la bonne idée écologique, qui permet de réutiliser le plastique accumulé au milieu du Pacifique : réunir les centaines de tonnes de déchets flottants afin de les transformer île flottante ! Une démarche ingénieuse, incarnée par l’architecte Margot Krasojević.
Auriez-vous imaginé pouvoir dormir un jour, sur une île faite de déchets plastiques, au milieu de l’un des archipels les plus idylliques de l’océan Pacifique ?
Une idée qui semble aujourd’hui incongrue, mais qui devrait se matérialiser au cours des prochaines années.
En effet, l’architecte britannique Margot Krasojević s’est intéressé aux îles Cocos, un archipel de 27 îlots de sable, à plus de 2 700 kilomètres de l’Australie. Le paysage y est paradisiaque : des oiseaux marins par milliers, des eaux turquoises, des poissons exotiques et des tortues de mer… aujourd’hui fortement menacés. Problème, sur ces petites îles à l’abri du monde, le plastique s’accumule, et s’accumule toujours davantage, et encore plus rapidement.
Une étude de l’université de Tasmanie affirme même que ce petit territoire (équivalent à une fois et demi le bois de Vincennes), serait recouvert de 141 millions de débris, allant de la bouteille en plastique jusqu’à la brosse à dents. En somme, plus de 238 tonnes de plastique accumulées sur les plages, sous le sable, et dans les eaux alentours. De quoi menacer la faune et la flore locale, et potentiellement détruire un écosystème.
Pour l’architecte de 46 ans, qui se définit comme « expérimentale », une telle catastrophe écologique ne pouvait être ignorée, et pourrait même servir d’occasion rêvée pour mettre au point des structures d’un genre nouveau, capables d’être répliquées partout sur la planète.
L’idée repose sur un concept étonnant : créer une île flottante à partir de ces amoncellements de déchets plastique, collectés en amont, et donner ainsi naissance à une structure écologique pouvant accueillir ses premiers visiteurs dès 2025.
En effet, le projet ‘Recycled Ocean Plastic Resort’, proposerait l’établissement d’un camping et d’un hôtel sur cette île, inspirée des mangroves, ces écosystèmes si particuliers que l’on trouve dans certains marais maritimes. Le plastique deviendrait alors une matière première, et non plus un déchet ruinant le paysage.
D’un point de vue technique, des passerelles en bois attachées au fond de l’eau serviraient de base pour cette île, qui disposerait également de bras articulés, destinés à ramasser les déchets plastiques qui flotteraient à ses abords. Une fois captés, ils seraient alors dirigés vers de gros sacs, avant d’être recouverts de fibre de béton biodégradable pour former une structure en maille.
Margot Krasojević entend ensuite développer son concept en disposant des mangroves autour de la structure en plastique pour la stabiliser.
Pour l’heure, le cabinet d’architectes de la Britannique étudieraient les différents flux océaniques et les courants, de manière à identifier la position idéale de cette future île artificielle.
Objectif : la placer de telle sorte que l’île pourra capter le plus grand nombre possible de déchets et les ajouter à sa structure pour la faire grandir à mesure que le plastique flottant s’accumule.
Le descriptif du projet évoque en effet que « le concept de l’hôtel lui-même est d’évoluer en tant que structure continue et auto-réparatrice, à partir des plastiques jetés négligemment capturés à travers ses filtres ».
Afin de rendre l’hôtel fonctionnel, l’architecte souhaite mettre en place un système de filtrage de l’eau de mer pour bâtir des douches éco-responsables, le tout alimenté par des panneaux solaires.
Un projet qui pourrait voir le jour grâce au financement d’une société sud-africaine, soucieuse d’investir dans des projets protégeant les écosystèmes ou qui pourraient contribuer à contrôler la pollution issue de l’industrie minière.
Toutefois, la future concrétisation du ‘Recycled Ocean Plastic Resort’ n’est pas encore pleinement actée. De nombreux autres projets similaires sont pour l’heure en suspens, tout comme l’idée de « ville flottante » écologique présentée en 2019 à l’ONU.