Fiche métier Designer Produit

Designer produits : un métier très smart !


“Concevoir les objets de demain, inventer de nouveaux usages”

Savez-vous quel est le point commun entre un vélo d’enfant, le dernier smartphone à la mode, et les sièges d’un TGV ? La réponse réside dans un métier tout-terrain : celui du designer produits qui les a imaginés. Cette profession prend en effet des formes aussi variées, que la quantité d’objets qui nous environnent au quotidien.

À quoi sert un designer produits ?

Petit exercice pratique. Observez les objets que vous utilisez chaque matin avant de quitter votre domicile, ou ceux qui vous sont utiles lors d’une journée de travail. Chacun de ces objets, quel que ce soit sa forme, son utilité, sa taille ou son ancienneté, a été minutieusement imaginé par un designer produits.
De votre brosse à dents en passant jusqu’au clavier d’ordinateur, en passant par la lunette de vos toilettes ou les volets de vos fenêtres : tout est sorti de l’esprit d’un designer produits, qui en a dessiné les moindres détails.
D’ailleurs, Marcus Engman (patron du design d’Ikea) évoque le design de produits, comme une profession allant bien au-delà du simple dessin ou de la vente, mais qui ambitionne surtout de trouver des “solutions pour une vie meilleure”. Aujourd’hui, ce métier complexe se divise en deux grands types de familles d’activité : le designer industriel, et le designer “d’artisanat” ou de création, dédié à la conception de pièces en série limitée.

Première mission : cibler les besoins

Bien entendu, le designer produits dessine. Mais sa fonction va bien plus loin que ce simple aspect créatif. Avant toute chose, il prend connaissance du besoin, et recherche avec soin les formes adéquates pour l’usage adéquat. Autrement dit, il “tâte le terrain”.
Pourquoi a-t-on besoin de cet objet ? S’il s’agit d’un objet déjà produit en grande série, quelles améliorations peut-on lui apporter ? S’il s’agit au contraire d’imaginer un nouvel objet, à quel usage doit-il répondre ? Pour quelle cible ? Quelle sera sa fréquence d’utilisation ?
Pour répondre à certaines de ces questions, et bien d’autres encore, le designer produits consacre une importante partie de son travail à étudier des enquêtes utilisateurs, en lien avec le service marketing.

Cette étape de recherche préliminaire lui est indispensable pour qu’il se saisisse pleinement de la problématique posée par l’objet. Il s’agit de prendre le pouls, de connaître les difficultés des objets actuels et d’anticiper les nouveaux besoins : tels sont les piliers de la première phase.

Le designer Jean-Baptiste Fastrez a par exemple imaginé un sèche-cheveux hybride, avec un corps industriel et un manche en bois fabriqué par un artisan. Il a alors choisi de ne mettre qu’un seul bouton marche / arrêt, son propos étant que “l’amélioration ne se fait pas par la performance, mais par l’amélioration de la durée de vie du produit et l’apport d’une histoire différente à travers des pièces artisanales.”

Le cahier des charges : un outil indispensable

Une fois que le designer produits s’est correctement imprégné de l’environnement du produit, il va pouvoir se pencher sur les contraintes techniques, liées directement à la réalisation de l’objet.
On parle alors d’un cahier des charges, qui dépend en premier lieu du budget alloué par le client. Les contraintes ne seront pas les mêmes si le produit est à destination du très grand public, ou s’il s’adresse à un public de quelques esthètes fortunés.
Pour respecter cette contrainte, le designer devra intégrer à sa réflexion les coûts de production, à commencer par le type de matériau qu’il souhaite utiliser.
Il devra également tenir compte de toutes les normes en vigueur (réglementaires, sanitaires et de sécurité), pour éviter de concevoir des objets présentant des risques d’explosion ou d’intoxication par exemple…
Enfin, le designer produits devra également penser au cycle de vie de l’objet. Peut-il se recycler ? Si oui, de quelle manière ? Pourra-t-il avoir un nouvel usage, au terme de sa première vie ?
Autant de problématiques, qui deviennent particulièrement actuelles, et qui devront se faire rapidement, pour tenir les délais de commande et de production.
Ainsi, le designer produits devra se montrer à la fois créatif et astucieux, mais aussi averti et rigoureux, afin de gérer un budget et d’assumer des délais.

Le fameux exemple de la bouilloire

Une fois son étude préliminaire soigneusement menée, le designer va pouvoir faire intervenir son talent et sa créativité.
Son objectif : imaginer une solution à la fois fonctionnelle, esthétique et ergonomique.
Le designer va réfléchir à la prise en main de l’objet, à sa texture, à sa structure, mais aussi à sa résistance aux chocs, aux modifications thermiques qu’il pourrait subir, à la pression qu’il pourrait recevoir venant de tel ou tel poids, etc…

Pour que cette réflexion soit plus parlante, prenons l’exemple traditionnel d’une commande de design pour une bouilloire.
Quelles seraient la forme et la taille adaptées ? Comment se rangerait-elle ? Comment l’utilisateur pourra t’il la nettoyer ? Comment lui indiquer le niveau de remplissage d’eau ? Où placer le bouton d’allumage de l’appareil ?
Pour répondre à toutes ces questions, le designer va bien entendu s’inspirer de ce qui se fait déjà sur le marché, et étudier ensuite les forces et les faiblesses de chaque solution.
Il pourra ainsi adapter sa proposition technique et esthétique, en fonction de la cible d’acheteurs qu’il vise.

Concernant le matériau même de l’objet, doit-il partir sur du plastique, du verre ou de l’inox ? Pour trancher, le designer produits doit connaître les avantages et les inconvénients de chacun de ces matériaux. S’il s’agit d’une série limitée très haut de gamme, le verre sera plus indiqué : son principal avantage sera alors le côté chic et élégant, et son gros désavantage, la fragilité du produit.
Le plastique d’autre part, permet de répondre à une production à très grande échelle (d’autant qu’il est peu coûteux à produire), avec tout de même l’inconvénient d’une durée de vie moindre, et de quelques risques pour la santé (le chauffage répété de certains plastiques libère du Bisphénol A toxique dans l’eau). Enfin, l’inox cible un public type moyen de gamme, et sera plutôt préconisé pour les productions en série, avec un cahier des charges de haute qualité, et sera gageur d’une meilleure durabilité.

Création sous logiciel :

Une fois que le designer aura sélectionné la combinaison de formes, de matériaux, et de fonctionnalités qui lui semble la plus adéquate, il pourra dessiner ses différentes propositions à l’aide de logiciel 2D et 3D.
C’est à cette étape qu’intervient la phase de dessin pur : il s’agira alors de tracer et de modéliser en 3D plusieurs propositions d’objets qu’il soumettra, au service marketing s’il travaille dans un grand groupe, ou directement à son client s’il travaille en agence.
Les modèles retenus seront ensuite fabriqués sous forme de prototype pour un aperçu à échelle 0, soit, en grandeur nature.
À ce stade, plusieurs allers-retours entre le designer produits et le client pourront être réalisés, afin d’affiner les contours de l’objet, ou de revoir ses fonctionnalités. La forme, la taille ou la prise en main pourront être revues, afin d’aboutir à un compromis ergonomique et esthétique idéal : il faut alors satisfaire le client, tout en restant dans le budget imparti, et respecter les normes en vigueur.
Bien entendu, l’objet devra également présenter un réel intérêt d’un point de vue marketing.
Avant la phase de mise en production à grande échelle de l’objet, une dernière étape sera observée, celle de la phase test.
Appelée “présérie”, cette première production en petite quantité sera mise en route, pour évaluer la faisabilité de la production et étudier la réception commerciale par le public. Si cette phase de présérie s’avère concluante, la production à grande échelle pourra finalement être lancée.

Dans quel secteur le designer produits peut-il travailler ?

Le terrain de prédilection du designer produits se situe dans la production de mobilier : cuisine, salle de bain, salon, chambre, électroménager. Dans ce domaine, Ikea reste actuellement la meilleure vitrine à grande échelle de ce métier.
Cependant, le designer produits intervient également dans tous les autres secteurs industriels. De l’automobile au high-tech, en passant par l’industrie du jouet, de l’emballage, ou l’intégralité de la chaîne de production de tous les biens d’équipement.
Derrière chaque équipement professionnel en effet, chaque outillage, chaque transport collectif, chaque mobilier urbain, un designer produits est à l’œuvre.

De nos jours, l’avènement et l’expansion de l’ère des “objets connectés” constituent un véritable El-dorado pour les designer produits. La maison connectée (ou domotique), la santé connectée, et le sport connecté sont autant de nouveaux de terrains de jeu pour la profession. Toute une génération de produits reste à imaginer et à concevoir : liaison sans fil pour transmettre des informations à un smartphone, suivi en temps réel de l’évolution des stocks d’un magasin, de la surveillance d’un bébé, alertes en cas de mouvements suspects dans une maison, etc.

Comment devenir designer produits ?

Insertion : La profession de designer produits est un métier qui a le vent en poupe et qui recrute activement, ce qui est aujourd’hui une bonne nouvelle pour bon nombre d’étudiants. Le métier de designer industriel est même classé n°351 parmi les métiers qui recrutent le plus en France.
Bon à savoir : Environ 80% de ces recrutements se font au niveau Bac +2.
Salaire débutant : Lors d’un premier contrat, le jeune designer produits peut espérer un salaire mensuel entre 1500€ et 1800€.
Perspective d’évolution : Le jeune designer produits peut ambitionner de devenir par son expérience chef de projet, design manager, styliste industriel, designer industriel, designer d’artisanat, ou créateur.