Tissus inspirés, Pierre Frey
Bon, je dois vous avouer que j’étais partie pour faire l’exposition Barbie
et puis je me suis retrouvée là.A l’entrée d’une exposition sur les tissus. Les tissus d’intérieur. Un peu à reculons et avec beaucoup d’a priori j’ai poussé la porte. Des murs avec des esquisses, des tables avec du coton, du fil. Bof. Par curiosité, j’ai quand même décidé de continuer à explorer la salle suivante.
Et là.
Une claque visuelle.
Une ambiance et une abondance de couleurs vives.
Graphiquement, les dessins sont justes, les couleurs harmonieuses.A contrario des univers aseptisés que les grands de la décoration d’intérieur nous vendent aujourd‘hui à grands coups de marketing, retrouver du décor, de l’histoire sur du tissu d’ameublement, fait du bien.
Adieu le bois, le brut, le béton, le blanc. Finis le scandinave, les coussins Ikea et les chaises de chez But achetées un dimanche soir par dépit.
Bonjour le vivant.

Lorsqu’on cherche plus loin que l’effet visuel procuré de ces salles drapées de ces petits bijoux, le temps d’un instant on se demande où est donc passée cette vie et qui est donc ce Pierre Frey qui a dédié son existence à créer pour décorer.
Pierre Frey. Cet homme fait partie de ces ovnis qui ne sont pas nés avec le don de dessiner mais qui ont hérité d’un espace de création bien plus vaste : leur tête. Avec une imagination sans borne et toujours en parfaite adéquation avec son temps, il a collaboré avec de multiples artistes afin qu’ils donnent forme à ce qui dansait dans sa tête.
Parce que oui, ses tissus dansent. Ils vivent.
Ils nous aguichent et nous procurent une sensation de joie
sans même que l’on comprenne pourquoi.

Salle après salle, tissus après tissus, mon appétit n’était toujours pas rassasié. Chercher le détail, admirer la finesse du tissage, s’extasier devant les croquis colorisés à la main puis reproduits à grande échelle sur du tissu. Et puis, vient la dernière salle. La salle du monde d’aujourd’hui. Pour cette exposition des artistes contemporains ont été invités à s’exprimer sur le tissu d’aujourd’hui, avec toutes les technologies que l’on possède.
Deux réinterprétations ont retenu mon attention.
Je n’ai pas compris tout de suite ce que faisaient ici ces bouts de papiers collés sur le mur. Je trouvais la démarche très minimaliste et en me décalant, j’ai pris une baffe.

Il fallait y penser. Des visages apparaissent et créent un motif sur ce mur qui vient s’habiller d’un tissu d’un nouveau genre. Le motif se fait 3D et évolue avec la luminosité. Mais le plus intéressant reste ce panneau digital. Un capteur enregistre les mouvements et la chaleur du corps et interprète ensuite nos mouvements.
Le tissu n’est plus figé. Il vit.
Et il vit non seulement avec l’homme mais aussi avec ses déplacements. Le tissu d’ameublement devient une personne à part entière de notre intérieur et nous offre une sérénité non négligeable dans ces vies à 100 à l’heure que nous menons tous.
En définitive, une belle surprise, et une exposition que je vous recommande,
tant par sa vitalité que pour ses magnifiques tissus.